TOPOGRAPHIE

Le gouffre Nébélé nous est rapidement apparu complexe, avec ses nombreux départs inexplorés ou rien ne peut être négligé. Si une logique du creusement a pu être dégagée, il n'existe pas vraiment de fil conducteur dans la découverte de cette cavité, où tout semble possible, à partir de n'importe quel passage.

D'où la nécessité d'une description exhaustive, afin que rien ne soit oublié dans la nuit des temps, et que rien ne soit refait deux fois par erreur. C'est là que la topographie intervient.

Cette topographie, nous l'avons voulue descriptive, afin que qui sait l'interpréter puisse retrouver les sites durablement et sans ambiguïté sous terre; complète et à jour, car pour être réellement utile il lui faut talonner l'exploration, sans négliger les zones où l'on ne reviendra pas; fermée, puisque l'on ne doit pouvoir s'en échapper que par des départs inexplorés fournissant toutes informations sur les chances de continuation.

 

Facile à dire! Heureusement (ou malheureusement ?) le collectif Nébélé compta très tôt dans ses rangs des individus qui pratiquaient et défendaient ce style de topographie. Leur point de vue fut testé, et finalement adopté malgré quelques réticences au début, dues principalement à une mise en oeuvre rigoureuse, et à un dessin paraissant complexe et long à réaliser. Tout le monde pratique maintenant la même topographie : celle qui a été définie par le collectif.

La tâche des topographes n'est pas toujours aisée, et les principales difficultés tiennent certainement dans ces deux mots : complète et à jour. En effet, une topo complète suppose que rien ne soit délaissé : ni les courtes galeries sans suite au sommet d'escalades infernales, ni les boyaux prometteurs devenant finalement abrasifs ou boueux et bien évidemment bouchés, ni les méandres infâmes devenus inutiles depuis qu'une galerie spacieuse mène au même endroit. Tous ces lieux là, on n'y revient pas. Le mieux est donc de les topographier quand on les découvre. Dans le cas contraire, on y reviendra, habilement motivés par quelque topographe chef... En d'autres termes, chacun topographie sa première.

Une topo à jour suppose que les personnes vouées au dessin et au report concourent à fournir sans trop de retard les planches topographiques nouvelles ou modifiées. Ceci demande souvent aux dessinateurs de "revoir leur copie" en redessinant proprement ce qu'ils ont laborieusement codifié sous terre, avant de l'envoyer à l'homme du report, lequel armé d'ordinateur, logiciels, souris, imprimantes et autres gamineries, se chargera de produire le plan définitif.

 

Il n'est d'ailleurs jamais définitif ce foutu plan, puisque la cavité est en exploration constante et que, nous nous répétons, le Nébélé est complexe. Il y a toujours une galerie qui passe au dessus d'une autre, ou un méandre qui connecte deux salles, ou un puits qui recèle plusieurs départs étagés. Plusieurs zones de la cavité s'étendent déjà sur quatre niveaux qui, vus du dessus, se cachent les uns les autres. Il faut "éclater" pour pouvoir s'y retrouver, produire quatre planches là où une seule ne suffit plus. Technique connue certes, mais comment gérer la masse de modifications qu'apporte chaque expé?

Le report sur calque est inutilisable : les retouches sont trop nombreuses, trop fréquentes. Le calque n'y résisterait pas, et le topographe non plus. Ainsi, la topo ne suivrait plus l'explo, suite à défection. Les originaux des relevés s'entasseraient, les équipes topo râleraient en ne voyant pas apparaître le produit de leurs efforts, et finiraient par se mettre en grève. Mauvais scénario!

 

 

L'informatique. Tiens, la voilà, cette incontournable. Elle s'est imposée à nous comme un outil. Pas de logiciel révolutionnaire, mais un programme de calcul exploitant les fonctionnalités d'un tableur qu'il pilote au moyen de "macros", et un programme de dessin vectoriel vraiment pas cher mais permettant de réaliser l'intégralité du report. Fini calques, rotrings, papier millimétré et rapporteur. Le programme de calcul peut gérer des cavités étendues (Nébélé développe 18 km); il mémorise toute l'arborescence du cheminement topographique, gère plusieurs références magnétiques permettant le calcul de la déclinaison à toute date, prend en compte trois types de levé (décamètre, topofil, plongée), calcule les coordonnées des stations, imprime les séances topo, l'agencement des chemins topographiques entre eux, leurs noms, leurs longueurs, crée des fichiers texte qui peuvent être repris par le programme de dessin pour tracer directement la polygonale. C'est tout, ça suffit, c'est un outil.

 

 

Le programme de dessin génère la polygonale à partir des fichiers fabriqués par le programme de calcul. Il a fallu se définir une palette de symboles, et une stratégie de construction des dessins afin de ne jamais être bloqué par un format de feuille, de pallier la lenteur inévitable du logiciel au delà d'une certaine complexité du dessin, de pouvoir générer à moindre frais chaque planche pour l'impression. De plus, il est possible de déformer par rotation-homothétie des portions de dessin afin de refermer les boucles provisoirement dans un premier temps, et définitivement dans un deuxième temps après un calcul global de compensation.

L'ensemble marche plutôt bien : la topo suit l'explo, bien que le handicap de huit kilomètres de première en deux ans ait été difficile à rattraper (il a fallu instaurer une topo parallèle simplifiée réalisée... sur un calque !!).

 

Un mot enfin des départs inexplorés. Ils sont bien sûr détaillés sur la topographie, et signalés au moyen du point d'interrogation consacré. Mais nous leur affectons une adresse, un nom codé unique du genre "FAS.19" porté sur la topographie. Ce code renvoie à un tableau hors topographie où sont consignées toutes les observations relatives aux possibilités de continuation, nom des observateurs, date, etc. Plus tard, certains de ces renseignements pourraient être précieux. Lorsqu'un tel passage est exploré (et topographié, cela va de soi), le point d'interrogation est supprimé, et son adresse disparaît de la topo. Cela permet de répondre en permanence à la question : "qu'est-ce qu'il reste à faire dans ce trou ?"

La conception topographique du collectif Nébélé est ainsi. C'est un choix, bon ou mauvais, qui a été fait par les participants. L'essentiel est probablement de s'y tenir...

Quelques planches topographiques en guise d'exemple :

au format "pdf" :

- plan d'assemblage des planches (943 Ko)
- planche_001 (1,24 Mo)
- planche_001a (1,10 Mo)
- planche_001b (808 Ko)
- planche_001c (579 Ko)
- planche_003 (459 Ko)

au format "djvu" :

- planche-002a (104 Ko) nécessite l'installation du plugin "djvu" de LizardTech (choisir la version française pour Internet Explorer - existe également pour Mac et pour Unix)

 

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