Article publié dans le S.C. Info n°10 - printemps 1985
(Bulletin de liaison des spéléologues corréziens)

 

GOUFFRE DU BRIANT (Commune de Noailles, Corrèze)
POMPAGE DU SIPHON AVAL

Historique
Il semble que ce soit M. Delmau qui le premier ait eu l'idée de pomper le siphon aval du gouffre du Briant, L'idée fit son chemin,fut reprise par plusieurs personnes avant de se concrétiser le 12 septembre 1984.

Pourquoi un pompage
Il faut se souvenir que depuis de nombreuses années nous cherchons à atteindre les galeries du BLAGOUR de CHASTEAUX, connues des seuls plongeurs spéléos (c.f. Le réseau de la Couze - 19 - Spélunca n°8 - oct-déc 1982) Nous savons en être séparés par quelques mètres seulement. C'est pourquoi, depuis le dernier trimestre 1981, une poignée d'obstinés creuse un puits artificiel pour shunter le siphon.

Les difficultés rencontrées sont nombreuses et variées, mais surtout ne risquons nous pas de passer a coté de la galerie post-siphon faute de connaître précisément sa position ? La décision est donc prise (dans le cadre du C.D.S.19) - de vider le lac du Briant, - pomper l'eau du siphon pour la refouler dans le lac et l'y stocker, -réaliser, si l'opération réussit, la topographie du siphon.

 

Déroulement dus opérations
Grâce à la topographie que nous avions dressée, nous évaluons grossièrement le volume du lac à environ 1000m3.
Le 9/9, Ph. Gouygou pose des "faisceaux" de gaine électrique pour que le lac se vidange. Nous pensons qu'il faudra pour cela 3 à 4 jours. Le 12 au matin, le lac est pratiquement vide. Une équipe a rendez-vous pour équiper la cavité, descendre et installer une pompe plus 120m de tuyaux souples (Ph. Gouygou, T. Lesur, D. Espinasse, P. Muet, G. Neupont). Rappelons au passage que depuis le 2/5/1983, nous disposons d'une ligne électrique étanche, installée en fixe (deux conducteurs de 18mm2) et d'une ligne téléphonique. En surface nous avons deux groupes électrogènes que nous utiliserons en alternance (2,5 kVA et 2 kVA) . Constamment une liaison par généphones relie le fond à l'extérieur.

Après divers petits incidents (fils coupés au tableau, pompe insuffisamment immergée.... ) la pompe commence à refouler vers 12h15. Le niveau baisse très lentement mais réguliérement (il faut savoir qu'à ce moment, la galerie "des jeunes" alimente faiblement: environ 0,5 l/s). En début d'après-midi M. Frougier et J. Servières descendent s'occuper de la pompe. L'équipe du matin en profite pour sortir se restaurer. Le niveau baisse constamment et rapidement. Il faut à plusieurs reprises déplacer la pompe dans une galerie basse. Vers 17h la nouvelle arrive : c'est désamorcé!

Il nous aura fallu 5h de pompage continu pour dénoyer le passage. Pendant une heure encore, on va faire fonctionner la pompe pour évacuer un maximum d'eau, puis on cessera définitivement. L'alimentation due à la galerie des Jeunes est quasiment nulle.

Après avoir fait une petite reconnaissance, on décide de faire la topo. La joie est grande d'avoir atteint les galeries du Blagour, d'autant qu'on ne pensait pas rencontrer aussi peu de difficultés et réussir en si peu de temps...

Est-ce à mettre sur le compte de l'excitation de la découverte? Mumu s'aperçoit qu'il a oublié le fil pour faire la topo et que son crayon ne fonctionne plus - il devra ressortir-; Thierry surveille nerveusement le niveau de l'eau; d'autres, plus calmes, philosophent sur les dégâts causés par les tirs dans la galerie supérieure... Mais il est temps de se ressaisir. P.Gouygou, J.Servières, P.Thomas et un jeune voisin de Mumu commencent à plier les tuyaux et sortir le matériel. Pour le reste, c'est de la routine: certains points topo sont difficiles à trouver, les visées acrobatiques ... Au retour, on pose à nouveau les faisceaux de gaine de façon à ce que le siphon soit alimenté et se remplisse le plus rapidement possible. Sortie vers 21h.

Il faudra plusieurs semaines pour que le lac retrouve son niveau habituel. Le 19 septembre, une séance topo permettra de raccorder la galerie supérieure du puits de l'explosif au dernier point "Faucher " (P. Muet, M. Doumerc, M. Verlhac, D.Leyge).

Bilan
Grâce à la pompe (1400w) et aux tuyaux aimablement prêtés par le centre de secours de Brive, nous avons pu réaliser pleinement notre objectif. Nous avons pu faire l'expérience d'un pompage -simple- et en avons tiré des enseignements qui pourraient se révéler précieux dans l'avenir.

Dorénavant nous orienterons dans une autre direction nos travaux dans le puits artificiel.

Guy Neupont.